Une architecture durable, au service des hommes, respectueuse de l’environnement
Chaque nouveau projet est, initialement, un moment magique et excitant à vivre, où se mêlent appétit de création, d’innovation et volonté de se dépasser.
Dans le but de répondre au plus juste, je repousse dans un premier temps, délibérément, les idées toutes faites et les habitudes. Une fois recensé les éléments avec lesquels je vais devoir composer, tels que la course du soleil, les vents dominants, la topographie du terrain, les fonctions à abriter, les contraintes du site, les vues, la végétation ou le bâti à préserver, commence l’aspect jouissif de mon métier. Dans cette phase de gestation, il est capital de s’octroyer le temps de réflexion. Il s’agit de répertorier, analyser, synthétiser et ensuite d’esquisser les premières idées, parfois sur quelques petits centimètres d’une feuille, toujours en totale liberté. Mûrir ses choix, les laisser reposer, les reprendre, aller plus loin… et décider d’un parti, d’une ligne conceptuelle à tenir.
Un processus de création, long et complexe, s’engage alors, où trois missions principales devront être accomplies :
– Répondre à la fonction qui donne la priorité aux besoins et usages des hommes.
– Offrir la beauté.
– Construire enfin de manière rationnelle.
Ces missions sont évidemment interdépendantes.
L’architecture est au service de l’homme. Tout doit être mis en œuvre pour lui procurer le meilleur confort possible.
Il s’agit d’installer des cadres de vie ou de travail agréables, sains, ergonomiques, bien dimensionnés. L’organisation d’un bâtiment, les flux de circulation, les accès, la maintenance doivent être pensés avec la précision mécanique d’une machine destinée à faciliter l’existence, à la fois judicieuse et pratique pour réduire les efforts et fabriquer du bien-être.
Offrir la beauté, c’est le devoir implicite de l’architecte. Les premiers choix concernent la manière de s’inscrire dans le paysage naturel ou urbain. Le bâtiment et son environnement doivent faire un tout et se valoriser mutuellement. Le travail consiste ensuite à composer avec la lumière et la matière, et à déterminer la façon de s’ériger, couvrir, franchir, s’ouvrir et se protéger. L’écriture architecturale que j’aime évite l’abondance de bavardage. Ma volonté est d’aller à l’essentiel, avec sobriété, sans négliger les aspects techniques, économiques, ou les particularités du contexte.
La rationalité constructive englobe les sciences techniques, les lois physiques, la maîtrise économique, et les savoir-faire. La conception bioclimatique d’un bâtiment, l’optimisation de ses équipements, la pérennité de l’ouvrage ou sa prédisposition à pouvoir se transformer, s’entretenir facilement, voire se recycler, sont autant de qualités qui en caractérisent l’efficience.
À ce titre, sauvegarder et valoriser au maximum l’existant s’avère aussi un bon principe. Tout ce qui peut être conservé, réparé, détourné, reconditionné, tant en infrastructures qu’en superstructures, devient, au-delà d’un témoignage reconnaissant au passé, une réponse vertueuse et économique.
En conclusion, je m’applique à ce que mon écriture ait un sens. Le projet, une fois bâti, doit offrir une représentation architecturale contemporaine lisible, sublimant la raison constructive ou les fonctions. Je crois en une architecture pensée en phase avec le monde dans lequel nous vivons, responsable, et prônant des valeurs solidaires. Ce challenge à la créativité est, pour moi, une source infinie d’inspiration.
Bertrand HUBERT